On pourrait croire à des objectifs trop lointains ou idéalisés. Kaya affirme l’inverse. Pour elle, ce sont des dépendances extérieures qu’il faut intégrer dès maintenant dans les plans de transition : sans investissement, sans influence politique ou action collective, ces leviers ne se débloqueront pas.
Le pouvoir oublié des entreprises
Dans une année marquée par des réformes climatiques majeures, de l’Europe aux États-Unis, il est compréhensible que beaucoup de dirigeants se sentent dépassés ou déconnectés du débat réglementaire. Mais selon Kaya, c’est justement là qu’ils doivent s’engager. Forte de sa double expérience de chercheuse et de rédactrice de politiques publiques, elle déplore que trop peu de voix du monde économique y participent réellement.
“Dans une salle remplie de plus de 100 leaders climat, on n’était que quatre à travailler sur la politique publique. Si les entreprises veulent réussir leur transition, elles doivent contribuer à bâtir les systèmes qui la rendent possible.”
Elle appelle les entreprises à utiliser l’ensemble de leurs leviers : produits, investissements, influence politique, pour faire bouger les lignes. Les équipes RSE devraient, selon elle, travailler main dans la main avec les équipes affaires publiques, non seulement pour atteindre leurs propres objectifs, mais aussi pour créer un environnement favorable à la transition collective.
Passer du « scope » à la « sphère »
En conclusion, Kaya propose un changement de paradigme : au lieu de se limiter à une vision comptable des émissions (Scopes 1, 2, 3), il faut aussi évaluer les “sphères d’influence” d’une entreprise. Son poids financier, sa capacité à orienter la demande ou à façonner les politiques : “On ne pourra peut-être jamais mesurer chaque gramme de CO₂ avec précision. Mais on peut mesurer si une entreprise est présente là où ça compte vraiment.”
Oxford Net Zero collabore aujourd’hui avec des partenaires comme Sweep et l’Exponential Roadmap Initiative pour intégrer cette approche dans les futurs standards.