Gérer le risque climatique n’est plus une option, c’est une nécessité

Alors que les menaces liées au climat s’intensifient, les entreprises ne peuvent plus se permettre de considérer le risque climatique comme un sujet secondaire. C’est ce qu’ont expliqué Julien Denormandie, Chief Impact Officer chez Sweep, et David Carlin, créateur du Risk Centre de l’UNEP FI.

Le risque climatique n’est plus un problème lointain

Le risque climatique n’est plus un sujet lointain : il est déjà bien réel. Comme l’explique David Carlin, « ce sont des défis auxquels les entreprises font face au quotidien ». Hausse du niveau des mers, événements météorologiques extrêmes, durcissement des politiques mondiales, instabilités économiques : le risque est à la fois physique et lié à la transition vers une économie bas carbone. « L’erreur, c’est d’avoir toujours présenté le climat comme un risque futur. Mais c’est maintenant que ça se joue. Pas dans cinq ans, pas en 2050. »

Julien confirme : « Le risque climatique, c’est quelque chose que vous devez intégrer dans votre quotidien. »

Gérer le risque climatique : un enjeu stratégique

Le risque climatique est étroitement lié à votre chaîne d’approvisionnement. Il est donc essentiel de la cartographier et d’évaluer à la fois les émissions carbone et la maturité durable de vos fournisseurs. Julien insiste : cette gestion doit être aussi rigoureuse et pilotée par la donnée que celle des risques financiers. « Ce n’est pas un projet annexe. C’est un impératif business. Vous devez gérer le risque climatique de la même manière dont vous gérez le risque financier. Avec de la gouvernance, et de la donnée. »

Cela implique :

• Mettre en place des systèmes de collecte et d’organisation des données à l’échelle de l’entreprise
• Construire des processus audités et reproductibles d’évaluation et de gestion des risques
• Intégrer le risque climatique dans les décisions transverses de l’entreprise

Convaincre en interne : rentabilité et opportunités

Obtenir l’adhésion en interne reste un défi pour de nombreux responsables RSE. Julien et David proposent deux angles convaincants pour démontrer la valeur de la gestion du risque climatique :

1. Réduction des coûts et résilience

« Les coûts liés au climat sont déjà là », explique Julien. « Ils se cachent dans les primes d’assurance, les interruptions de la chaîne d’approvisionnement ou encore les actifs dévalorisés. » Mieux vaut agir maintenant que payer le prix de l’inaction plus tard.

2. Le risque comme levier d’innovation

« Tout risque cache une opportunité », ajoute Julien. « Mieux on comprend son exposition, plus vite on peut innover, se différencier et capter de nouveaux marchés. »

Il rappelle aussi que la CSRD pousse les entreprises à identifier non seulement les risques, mais aussi les opportunités associées. « Il ne s’agit pas juste de se protéger, mais aussi de créer de la valeur. »

Quelles actions mener dès maintenant pour les dirigeants ?

David recommande deux priorités clés pour les dirigeants :

• Évaluer vos vulnérabilités : « Identifiez vos points d’exposition, que ce soit dans la chaîne d’approvisionnement, les opérations ou les actifs. Vous ne pouvez pas renforcer votre résilience sans connaître vos faiblesses. »

• Mettre en place un plan de continuité : « Le risque climatique pose une vraie question de continuité d’activité. Si votre fournisseur principal est inondé demain, avez-vous un plan B ? La majorité des entreprises n’ont pas de réponse. »

L’intelligence artificielle au service de la résilience climatique

Les deux intervenants ont souligné le rôle clé que peut jouer l’IA :

• Protection des opérations : Des systèmes comme les éoliennes ou panneaux solaires peuvent être coupés en amont grâce aux données météo en temps réel.

• Transparence de la chaîne de valeur : L’IA peut révéler des risques insoupçonnés, notamment dans les niveaux les plus profonds de la supply chain.

• Aide à la décision stratégique : L’IA transforme les volumes massifs de données climatiques en informations exploitables par les directions générales.

C’est exactement ce que propose l’IA développée par Sweep : vous donner une vision claire pour mieux anticiper, agir et réduire vos risques.

Naviguer dans les réglementations mondiales

Pour les groupes internationaux, la gestion du risque climatique est aussi un sujet de conformité réglementaire.

David encourage les entreprises à « cartographier leur exposition réglementaire, non seulement là où elles opèrent, mais aussi là où opèrent leurs fournisseurs ». Même sans être directement concernées par des réglementations comme la CSRD, les entreprises peuvent y être indirectement soumises via leurs clients ou investisseurs.

Julien ajoute : « N’attendez pas que la loi vous rattrape. Les entreprises les plus performantes prennent déjà des mesures qui renforcent leur résilience à long terme : mesurer les émissions, évaluer les fournisseurs, prévoir des plans d’adaptation. »

Pourquoi agir vite fait la différence

Julien conclut par un message fort : « Les entreprises qui bougent tôt réduisent non seulement leur exposition, mais elles bâtissent aussi la confiance des parties prenantes, remportent des appels d’offres et attirent les investisseurs. »

Ce n’est pas une intuition, c’est un fait observé sur le terrain. Les grands comptes souhaitent travailler avec des fournisseurs aux modèles d’affaires durables. « Ils évaluent l’empreinte carbone, la gestion de l’eau, des déchets, et les risques globaux liés au climat sur la supply chain. »

Enfin, la capacité à prouver son engagement devient un critère incontournable pour les investisseurs. Julien prévient : « Si vous n’êtes pas capables d’apporter des preuves concrètes de votre durabilité à long terme, vous ne lèverez pas de fonds. Point. »

En conclusion : du risque à la résilience

Le risque climatique n’est plus une hypothèse. Il est tangible, matériel, et il impacte déjà la performance des entreprises. Celles qui le voient comme un levier, et non comme une contrainte, seront celles qui tireront leur épingle du jeu.